Sur Alger, le chaabi est arrivé au début du XXe siècle, comme une révolution dans le paysage artistique. Mais il s’est vite construit des limites, que d’autres sont encore venus déconstruire pour aller plus loin.
En effet, le chaabi est considéré comme une chanson traditionnelle, qu’on écoute en famille. Mais autrefois, c’était une révolution dans le panorama de l’andalous, du Madih et du aâroubi.
Ceux qui sont à l’origine du chaâbi, sont des révolutionnaires de l’art et de la chanson moderne, qui se revendiquaient de l’humain et exprimaient la souffrance d’une population et la douleur d’une jeunesse.
La première vague est restée dans les limites de la qaçida, politiquement correcte, sans instruments.
La deuxième vague a introduit les instruments de base : C’est seulement en 1926 que Hadj M’hamed al-Anka a introduit la derbouka, qui était interdite par les anciens qui se limitaient au guellal et au bendir. Puis est venue la guitare, ensuite le banjo (guitare et ténor), ney (flûte en roseau), qanûn, le violon et le piano, d’abord timidement, ensuite de plus en plus présent avec l’arrivée du virtuose Mustapha Skandrani. Et enfin le mandole dont al-Hadj a modifié la caisse pour amplifier les sons.
Dans la troisième vague, on trouve Dahmane, qui a actualisé les paroles et les a adapté à l’émigration.
Alors que hadj Mrizek va exporter le chaabi en dehors d’Alger, en organisant des galas à Cherchell ou encore dans la vallée du Mzab.a
Il y a aussi l’arrivée de la télévision avec les premiers enregistrements qui vont introduire la chanson dans les foyers, et l’apparition de la cassette qui contribue à la vulgarisation.
Dans la quatrième vague, Guerouabi a été un tournant décisif dans la chanson chaabi. Il devance la qaçida par la chansonnette que les jeunes apprécient déjà dans la chanson française, égyptienne et libannaise. Il leur donne plein de petites chansons que Al-Anka va condamner, comme « Allo, allo ». Il chante aussi l’amour « Zoudj h’mamat »…
Ce genre, avec l’aide de Mahboub Bati, va être tellement modifié que les anciens le renient et lui refusent l’appellation chaabi. Ce sera du chaabi moderne (aaçri) : al-Bareh de Guerouabi, Rah al-ghali de Boudjemaa al-Ankiss, Mali hadja de Amar Ezahi, Nesthel al-kiyya de Amar el-Achab. Il y a aussi Abdelkader Chaou avec Djah rabbi ya jirani et même les femmes comme Saloua avec Ma tehelflich.
Mais les dépassements n’en finissent pas dans le chaabi. Le dernier en date est l’intervention de la voix féminine.